Handi Karaté

Yumi Nishiguchi enseigne, depuis 15 ans, le karaté à des personnes ayant un handicap visuel ou moteur. Il était donc normal que nous ouvrions un cours de handi karaté à l’Okinawa Dojo.

Si, en apparence, les cours de handi karaté ressemblent à des cours classique, un important travail d’adaptation aux contraintes psychomotrices et sensorielles des élèves a été réalisé. Les personnes déficientes visuelles, par exemple, ont souvent peu développé leur motricité et leur orientation dans l’espace. Elles ont par ailleurs une perception différente du schéma corporel. On dit parfois qu'avec un handicap sensoriel, une personne bouge son corps mais ne l'habite pas. Acquérir des sensations corporelles est donc primordial pour améliorer la coordination, l'équilibre et la stabilité. Comment corriger sa posture, sentir son centre de gravité, se stabiliser dans une position, puis se déplacer en conservant ces aspects dans l'espace sont les bases de la pratique du handi karaté.

Une attention toute particulière est portée sur le repérage dans l’espace. L'espace que les élèves ne peuvent pas visualiser est redéfini en représentations mentales. Le dojo représente un cadran horaire avec le shômen à midi, la droite à 3h, l'arrière à 6h, etc. Le kata est un travail fondamental pour aider les élèves à s'orienter dans l'espace et apprendre à changer de direction tout en exécutant des enchaînements techniques. La voix de l’enseignant guide et corrige les trajectoires de déplacement ou des mouvements.

L'enseignement de handi karaté comprend également le travail avec partenaire. Pour les élèves ayant un handicap moteur, les techniques sont adaptées aux capacités motrices de chacun. Un coup de pied peut être remplacé par un coup de poing direct ou un crochet.

Un élève malvoyant a du mal à percevoir les mouvements de son partenaire. Après avoir mesuré sa distance par le touché, l'attaquant énonce son attaque et le défenseur doit intégrer son tempo (décalage entre la voix et l’attaque). Les partenaires apprennent à se synchroniser pour travailler ensemble.

Les techniques ne pouvant être montrées et mimées par les élèves malvoyants, elles sont entièrement décrites et énoncées, ce qui nécessite une grande précision dans le vocabulaire utilisé. Les élèves malvoyants apprennent rapidement car ils ont une grande capacité à se concentrer sur des consignes orales.


« Je note parfois que mes élèves malvoyants assimilent plus rapidement une technique par la voix qu’un élève valide pouvant se servir également de sa vue car il devra à la fois écouter et observer, ce qui n'est pas toujours plus efficace. » explique Yumi.