Ceux qui connaissent Sensei Oshiro, savent que ce qui le caractérise est sa gentillesse et son infinie patience. À l’instar de toute pratique qui utilise le corps, la répétition s’impose. Elle ne sera pas que robotique ou mécanique : c’est un ensemble cohérent d’exercices obéissant à quelques grands principes. Ces exercices permettront, progressivement, une compréhension nouvelle des mouvements propres à la discipline. Cet apport pourra se diffuser dans les activités de tous les jours et amener une prise de conscience différente, plus fine, du fonctionnement corporel (l’équilibre, la stabilité, la coordination…). Les mouvements sont pratiqués lentement, pour être appris, puis « normalement », sans réfléchir, surtout sans réfléchir, pour être acquis. Cette approche donne la possibilité à quiconque, quel que soit l’âge ou la capacité physique, de percevoir des évolutions dans son travail. Chacun pratique pour lui-même, à son rythme, en respectant ses possibilités.
L’efficacité d’une attaque, d’une clé, d’une projection, dépend avant tout de la position, de l’enracinement, de la sensation, de la densité du corps qui l’exécute... Une technique fonctionne si elle est exécutée naturellement, sans réfléchir, par réflexe. Pour chaque nouvelle technique, on doit revenir à la base, à ses appuis, à sa respiration, à sa posture... On n’apprend pas à marcher tant que l’on ne sait pas tenir debout !
Les membres de notre club sont en général peu attirés par la compétition, ce qui ne signifie pas qu’ils n’en ont jamais pratiqué ! Oshiro Sensei a lui-même, étant jeune, beaucoup fait de compétition au Japon. Son approche n’est donc pas d’opposer une pratique de karaté traditionnel à la celle de la compétition. Cette dernière permet notamment de travailler le timing, le déplacement, la distance... En revanche il nous sensibilise aux différences fondamentales avec un travail martial. Ainsi, l’intention, la recherche d’efficacité, les techniques employées, ont peu de lien avec le travail du compétiteur.
L’objectif du karaté est l’efficacité dans la mise en œuvre de techniques de self-defense. Mais le self-defense commence par la protection de son intégrité physique et psychologique contre… soi-même ! En ce sens la santé est le premier niveau, et pas une résultante, de la pratique. Donc, sauf à considérer que seules les jeunes personnes en bonne santé et pleines de vigueur ont besoin de se défendre, le karaté doit pouvoir être pratiqué le plus longtemps possible et avec de plus en plus d’efficacité ! On commence toujours sa pratique du karaté avec sa force (Go). C’est lorsque la force devient moins présente, que le relâchement (Ju) peut diriger le corps, utiliser toutes ses ressources (et celles de l’adversaire), et que l’on devient efficace. C’est ainsi que l’on évite de se blesser, que l’on fait du bien à sa santé et que l’on pratique très longtemps...
Le hara (ventre) correspond au centre du corps où se concentre la force. « On frappe avec le ventre »... Cette métaphore est véhiculée dans tous les styles martiaux. Oshiro Sensei nous enseigne, entre autres choses, que le travail du dos, de son ouverture, de son alignement et de son relâchement est aussi important. Le hara et le dos sont les deux faces d’une même pièce et participent ensemble à l’équilibre de toute posture.
Chaque style, chaque école martiale a sa tradition. Notre école trouve ses sources à Okinawa, dans la lignée de l’enseignement de Seiko HIGA Sensei. Notre dojo conserve l’esprit okinawaien de la pratique qui permet à chacun de développer son karaté en bénéficiant de l’aide des plus anciens et de l’ambiance du groupe : un échauffement qui est une mise en condition du corps et de l’esprit et non une séance de musculation, un travail sur la respiration, un apprentissage du contact de l’autre à travers les exercices de mains collées, une pratique organisée autour des kihons, des katas et des bunkaïs, un retour à la base...
Oshiro Sensei insiste sur le plaisir que doit provoquer la pratique. Le monde change, l’esprit occidental n’est pas prêt à passer des années à répéter inlassablement le même geste avant d’accéder à des techniques « supérieures ». Les pratiques traditionnelles se sont adaptées, car ce qui compte c’est de pratiquer régulièrement, ne serait-ce que quelques minutes par jour. Pour cela il faut conserver sa curiosité et son envie d’apprendre.
Le plaisir des pratiquants, quel que soit leur niveau, est la chose à laquelle tient avant tout notre Sensei…